Publié le 11 juin 2025Lecture 4 min
Comment traiter une maladie de Ménière ?
Hannah DAOUDI, Paris, d’après les Prs Vincent DARROUZET (Bordeaux) et Thierry MOM (Clermont-Ferrand)

La maladie de Ménière est une pathologie définie cliniquement. Elle se manifeste par des signes vestibulaires avec des vertiges prolongés ou des crises de type Tumarkin. Les signes auditifs sont fluctuants, associés à une sensation de plénitude de l’oreille, des acouphènes et des signes végétatifs.
Selon la Barany Society, la définition de la migraine vestibulaire inclut au moins deux crises d’une durée de 20 minutes ou plus, avec une atteinte neurosensorielle. De plus, il faut identifier au moins cinq symptômes d’intensité modérée à sévère d’une durée variant entre 1 minute et 72 heures.
EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
Les signes électrocochléographiques incluent un rapport SP/AP supérieur ou égal à 0,40, tandis que les produits de distorsion acoustique centrés sur 1 000 Hz peuvent être altérés. L’électrocochléographie et les otoémissions acoustiques sont des outils complémentaires qui, combinés, offrent une fiabilité diagnostique de 80 à 93 %. Sur le plan radiologique, l’IRM spécifique 3D-FLAIR injecté met en évidence une dilatation sacculaire ou utriculaire.
PRISE EN CHARGE : DE MULTIPLES OPTIONS
Injections
Il existe deux types d’injections utilisées dans le traitement de la maladie de Ménière :
– les injections de corticoïdes, comme la dexaméthasone, à raison d’une injection par jour pendant cinq jours à une dose de 4 mg/ml. Ce traitement est efficace, mais présente un risque de récidive, bien qu’il n’ait pas d’effets secondaires majeurs ;
– en cas de récidive, on peut soit répéter l’injection, soit opter pour une injection de gentamicine. Les injections de gentamicine améliorent les vertiges, les acouphènes et la sensation de plénitude. Elles sont peu toxiques pour l’oreille, sauf en cas de mutation génétique mitochondriale.
Traitement per os
Aucun traitement n’a apporté les preuves de leur efficacité. Il existe plusieurs options :
– l’apport en sel augmente l’expression de l’interleukine -1 bêta de Ménière et favorise des exacerbations par une action pro inflammatoire ;
– la bétahistine est largement prescrite. Elle annulerait l’expression de l’interleukine -1 bêta induite par le sel, ce qui suggère une utilité de cette molécule dans le traitement additionnel des maladies auto-immunes de l’oreille interne et de la maladie de Ménière ;
– les diurétiques comme l'acétazolamide (Diamox®) seraient efficaces dans la prévention des crises. Il faut cependant faire attention aux effets secondaires ;
– le glycérol qui améliorerait l’audition sur les fréquences graves, et réduirait les anomalies du test VHIT et des produits de distorsion ;
– le mannitol.
Enfin, il faut penser à éliminer un syndrome d’apnée du sommeil qui peut aggraver les symptômes.
Traitement local
L’appareil Méniett, insuffleur de pression positive à travers un aérateur trans tympanique, avec un coût de 3 000 euros. Il pourrait être une option thérapeutique pour certains patients souffrant de la maladie de Ménière, mais son efficacité reste débattue. Il est souvent envisagé en dernier recours avant les traitements plus invasifs (injections de gentamicine ou chirurgie). Son utilisation doit être discutée au cas par cas, en tenant compte des attentes du patient et de la sévérité des symptômes. L’aérateur transtympanique seul peut prévenir la survenue des crises.
Chirurgie
Le traitement chirurgical inclut plusieurs options :
– la chirurgie du sac endolymphatique, qui montre un taux de succès de 66 % à deux ans selon les études ;
– les traitements plus radicaux, tels qu’une labyrinthectomie, sont réservés aux patients avec handicap sévère empêchant le travail. Avant toute intervention, il est crucial d’évaluer le statut de l’oreille controlatérale, car ces interventions peuvent entraîner une destruction complète de l’oreille interne.
Appareillage auditif
Les patients atteints de la maladie de Ménière souffrent souvent d’hyperacousie, ce qui les rend réticents à l’utilisation d’un appareillage auditif. Il est donc recommandé que l’audioprothésiste sous-corrige volontairement l’amplification auditive afin d’éviter une gêne excessive.
Un autre problème lié à l’appareillage est la fluctuation de l’audition, rendant les réglages difficiles. De plus, les aides auditives peuvent obstruer le conduit auditif, ce qui est inconfortable pour le patient. Il est en général conseillé un embout non obstructif ou un évent.
Implant cochléaire
L’implant cochléaire comporte un risque important de réactivation des vertiges. Pour limiter ce risque, il est possible d’administrer une injection de gentamicine au moment de l’implantation ou de réaliser une labyrinthectomie chirurgicale.
Conclusion
• La prise en charge thérapeutique de la maladie de Ménière doit être progressive et la moins destructrice possible.
• Dans l’ensemble, les traitements médicaux sont efficaces dans environ 80 % des cas.
Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.
pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.
Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :
Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :