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COVID-19

Publié le 13 nov 2020Lecture 4 min

On ne trouve que ce que l’on cherche ! Manifestations ORL de la Covid-19 : métaanalyse des premières données publiées

Alain LONDERO, Hôpital européen Georges Pompidou, Paris

»Waheed El-Anwar M et al. ENT manifestation in COVID-19 patients. Auris Nasus Larynx 2020 ; 47 : 559-64.

La Covid-19 (Coronavirus Disease 2019) a émergé à la fin de l’année 2019 dans la province de Wuhan en Chine. En quelques mois cette infection liée au virus Sars-CoV-2 (Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus 2) a été responsable d’une diffusion pandémique aux conséquences médicales et sociétales majeures sur toute la surface du globe. Les manifestations cliniques de la Covid-19 sont essentiellement marquées par des signes généraux (syndrome fébrile, myalgies, céphalées…) et une atteinte des voies respiratoires basses (toux, dyspnée, hypoxémie…) pouvant aboutir à un syndrome de détresse respiratoire aiguë. Cependant les manifestations ORL touchant les voies respiratoires hautes (rhinorrhée, troubles de l’odorat et du goût, inflammation pharyngée…) sont également souvent présentes dans le tableau initial. L’objet de la métaanalyse publiée par des auteurs égyptiens est de faire une recension systématique des données publiées dans des revues à comité de lecture concernant les manifestations ORL de sujets ayant bénéficié d’un diagnostic certain d’infection par le Sars-CoV-2. Méthodologie Les auteurs ont procédé à une recherche systématique à partir de mots-clés préalablement définis sur différentes bases de données médicales comme PubMed, Web of Science, LILACS, MEDLINE, SciELO, et Cochrane Library avec comme date butoir avril 2020. Onze études remplissant les critères d’inclusion (publication dans une revue à comité de lecture, infection par Sars-CoV-2 prouvée par tests virologiques, description précise des symptômes ORL) ont été incluses et analysées. Résultats Ces 11 études regroupent un total de 1 773 patients (4 patients pour la plus petite, 1 099 pour la plus grande). Les signes cliniques otorhino-laryngologiques les plus fréquemment décrits sont la congestion nasale (4,1 %), l’obstruction nasale (3,4 %), la rhinorrhée (2,1 %), les troubles de l’odorat (6 %), l’érythème pharyngé (5,3 %), la douleur pharyngée (11,3 %), l’hypertrophie amygdalienne (1,3 %), l’infection des voies respiratoires hautes (1,9 %), les céphalées (10,7 %). Néanmoins il convient de noter que les manifestations autres qu’ORL sont bien plus fréquemment rapportées : que ce soit la fièvre (73,5 %), la toux (61 %), l’expectoration (22,8 %), la dyspnée (16,2 %) ou même la fatigue (27,2 %) ou les myalgies/arthralgies (10,4 %). Les manifestations ORL ne semblent donc pas être au premier plan du tableau clinique de la Covid-19. De même on constate que de nombreux symptômes ORL ne sont jamais rapportés : qu’ils soient rhinologiques (les éternuements, l’épistaxis, la rhinorrhée postérieure, l’oedème facial), otologiques (la perte auditive, les vertiges) ou laryngologiques (la dysphonie, le stridor). Un apport limité mais intéressant D’évidence la Covid-19 est une infection dont on connaît encore mal la symptomatologie. Son mode de présentation est protéiforme avec une sévérité variable allant de formes a- ou pauci-symptomatiques à des formes très agressives nécessitant le recours à la réanimation. Même si l’on sait que les muqueuses des voies aériennes supérieures, en particulier la muqueuse nasale, sont le site d’entrée préférentiel du virus dans l’organisme, peu d’études se sont intéressées à colliger les signes cliniques purement ORL des patients Covid-19. Ceci est probablement dû à la fréquence et à la gravité potentielle des atteintes broncho-pulmonaires ainsi qu’au rôle certainement essentiel que joue la toux dans la transmission aéroportée du virus Sars-CoV-2. Les auteurs plaident d’ailleurs pour l’élaboration et l’utilisation systématique d’un questionnaire standardisé couvrant toutes les manifestations ORL de la Covid-19. Néanmoins certaines conclusions peuvent être tirées de cette métaanalyse, en particulier sur le fait des signes pharyngés (douleur, érythème, hypertrophie amygdalienne) et les céphalées pourraient constituer des éléments cliniques d’orientation diagnostique relativement fréquents (> 10 % des cas) à rechercher systématiquement en association à la symptomatologie respiratoire basse. Ou bien qu’aucun symptôme ORL de la Covid-19 ne constitue en soi une menace vitale pour les patients atteints. Des limites évidentes   Cependant les résultats de cette métaanalyse méritent d’être regardés avec précaution. En effet ils ne portent que sur des études réalisées au début de la diffusion pandémique (avant avril 2020) et donc avec une connaissance limitée des auteurs sur le caractère très ubiquitaire de l’attaque virale. Le faible pourcentage de troubles de l’odorat ou du goût rapporté en est la marque évidente. D’autres études plus récentes, justement signalées dans la discussion de cet article, ont au contraire montré que jusqu’à 75 % des patients ayant un diagnostic certain d’infection par le Sars-CoV-2 présentaient des troubles de l’odorat ou du goût identifiables par des tests objectifs. Et que la présence d’un trouble de l’odorat d’installation récente dans un contexte clinique évocateur constituait un élément majeur du diagnostic positif pouvant prédire avec une bonne spécificité (0,86) et en sensibilité moyenne (0,54) la positivité du test RT-PCR. Une autre limite concerne les troubles otologiques qui ne sont pas du tout rapportés dans ces études alors qu’il semble bien que l’infection par le Sars-CoV-2 puisse avoir des conséquences otologiques tant par le biais d’une atteinte des cellules ciliées que d’une atteinte neurologique centrale (tronc cérébral). Conclusion Malgré ces limites, cette métaanalyse invite à considérer les manifestations ORL de la Covid-19 comme un élément d’appoint intéressant dans le diagnostic initial. Elle invite aussi à poursuivre les travaux de recherche clinique pour mieux appréhender la complexité des manifestations ORL de cette pathologie émergente ainsi que leurs conséquences à long terme.

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