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BPCO

Publié le 06 avr 2022Lecture 4 min

BPCO : la toux ne doit pas être banalisée

Denise CARO, D’après les communications de L. Guilleminault (Toulouse) et N. Roche (Paris) CPLF 2022

Volontiers un des premiers symptômes de BPCO, la toux chronique n’est pas suffisamment prise en compte dans cette pathologie, une attention plus grande étant accordée à la dyspnée. Elle est pourtant associée à une moins bonne qualité de vie(1), un risque plus élevé d’exacerbations, une plus grande sévérité de la bronchopathie et une augmentation de la mortalité(2).

La toux est un symptôme, mais la toux chronique est une pathologie à part entière. Elle est définie par une toux qui dure depuis au moins huit semaines. Elle peut être productive ou non productive(3). La bronchite chronique est une toux productive qui dure au moins trois mois depuis au moins deux ans. Elle concernerait 15 % de la population et 74% des patients atteints de BPCO(4). En réalité, la définition de la bronchite chronique n’est pas consensuelle et peut prêter à confusion. Mieux vaut s’intéresser à la toux chronique. Une étude danoise en population générale a comparé les patients BPCO avec ou sans toux chronique et les personnes sans BPCO avec ou sans toux chronique. Il ressort de ce travail que les patients BPCO avec une toux chronique (10 %) sont plus symptomatiques que les autres avec plus de dyspnées (notamment nocturnes), plus de sifflements, plus de douleurs thoraciques, plus d’expectorations et plus d’exacerbations. Ils ont un VEMS plus altéré et ils consultent plus le médecin. Les CRP étaient plus élevées chez les tousseurs que chez les non-tousseurs, qu’ils soient ou non BPCO(5).De même, la bronchite chronique est associée à une altération de la qualité de vie avec, en particulier, une limitation de l’activité physique, une diminution du VEMS(6). Elle augmente le risque d’exacerbations et la sévérité de la BPCO. Enfin, les patients avec une bronchite chronique ont un risque plus élevé de décès que les autres et ce sur-risque de décès est plus important chez les patients BPCO(7). La surmortalité due à la bronchite chronique ou la toux chronique concerne surtout les patients avec une BPCO légère ou modérée(8). QUELS LIENS ENTRE TOUX ET BPCO ? En 2017, Burgel a montré qu’il existait plusieurs clusters de BPCO, mais la toux chronique ne faisant pas partie des critères étudiés ; on ne sait pas s’il existe un phénotype de BPCO associée à la toux chronique(9). « On a l’impression que les patients BPCO avec une toux chronique ne sont pas les mêmes que ceux non-tousseurs », a estimé Laurent Guilleminault. On connaît mal les mécanismes de la toux chronique au cours de la BPCO. Le tabac est le principal facteur prédictif de toux chronique chez les patients BPCO. Ceux qui fument ont une toux plus fréquente et plus sévère que les non-fumeurs(10). Ils présentent plus d’inflammation à neutrophiles. Une plus grande sensibilité du réflexe de toux est associée à un risque plus élevé d’exacerbations et d’inflammation systémique(11). La présence de comorbidités joue également un rôle dans l’existence d’une toux chronique chez les patients BPCO. La DDB est associée à une toux chronique productive(12). D’autres comorbidités comme une rhino-sinusite ou un RGO doivent aussi être recherchées et traitées. Beaucoup de choses restent cependant à découvrir. Certains facteurs prédictifs de toux chez les patients BPCO sont inattendus. En effet les patients sans colonisation bronchique toussent davantage que ceux dont les bronches sont colonisées(13). PEU DE DONNÉES THÉRAPEUTIQUES On manque d’études évaluant l’effet des différents médicaments, spécifiquement sur la toux chronique chez les patients BPCO ; il en existe davantage sur les exacerbations ou la dyspnée. Une étude déjà ancienne et de faible effectif a montré l’intérêt du formotérol sur la dyspnée et possiblement aussi sur la toux(14). L’effet de l’indacaterol n’est pas significatif sur la toux, mais la méthodologie de l’étude ne ciblait pas ce symptôme un autre travail de faible effectif, le tiotropium semblait améliorer la toux sans que l’on puisse conclure(16). Et c’est la même chose concernant l’aclidinium(17). Peu de données également concernant la corticothérapie inhalée. Dans une étude déjà ancienne, la fluticasone n’avait pas d’effet notable(18). C’est sans doute l’azithromycine qui a été le plus étudiée dans la BPCO. Une analyse post-hoc montre que le traitement est plus efficace chez les ex-fumeurs que chez les fumeurs et chez les patients avec une bronchite chronique. Mais on a peu d’éléments pour orienter la prescription(19). Le groupe d’experts ne recommande l’azithromycine qu’en cas de bronchite chronique. Et la balance bénéfice/risque doit être soigneusement étudiée avant la prescription de cet antibiotique du fait du risque de sélection de souches résistantes. On a besoin de davantage d’études bien conduites prenant en compte la toux chronique chez les patients BPCO afin de préciser et d’élargir l’éventail thérapeutique dans les années à venir.  

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