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COVID-19

Publié le 07 avr 2021Lecture 3 min

La Covid aura-t-elle aussi tué la liberté d’expression ?

Colas TCHÉRAKIAN, Hôpital Foch, Suresnes

Parmi les cicatrices de la pandémie, le rapport du médecin au public aura été fort impacté.

Les joutes verbales, via internet, sur « la » bonne stratégie face à l’épidémie de Covid ou « le » bon traitement (hydroxychloroquine ou non) auront conduit les pouvoirs publics à s’immiscer dans les discussions « scientifiques » pour réguler la parole des docteurs et publier le décret ci-dessous. Le premier alinéa indique que les médecins peuvent maintenant faire leur promotion via internet ou la télévision, sous réserve de ne pas dire « n’importe quoi ». Gageons que nous verrons bientôt des publicités montrant certains de nos collègues rapidement fleurir sur internet comme aux États-Unis. Mais c’est plutôt l’alinéa II et III que je vous invite à lire (article R4127-19-1 - Création Décret n°2020-1662 du 22 décembre 2020 - art. 1) : https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGIARTI000042749932/2020-12-25/ I. - Le médecin est libre de communiquer au public, par tout moyen, y compris sur un site internet, des informations de nature à contribuer au libre choix du praticien par le patient, relatives notamment à ses compétences et pratiques professionnelles, à son parcours professionnel et aux conditions de son exercice. Cette communication respecte les dispositions en vigueur et les obligations déontologiques définies par la présente section. Elle est loyale et honnête, ne fait pas appel à des témoignages de tiers, ne repose pas sur des comparaisons avec d’autres médecins ou établissements et n’incite pas à un recours inutile à des actes de prévention ou de soins. Elle ne porte pas atteinte à la dignité de la profession et n’induit pas le public en erreur. II. - Le médecin peut également, par tout moyen, y compris sur un site internet, communiquer au public ou à des professionnels de santé, à des ins éducatives ou sanitaires, des informations scientifiquement étayées sur des questions relatives à sa discipline ou à des enjeux de santé publique. Il formule ces informations avec prudence et mesure, en respectant les obligations déontologiques, et se garde de présenter comme des données acquises des hypothèses non encore confirmées. III. - Les communications mentionnées au présent article tiennent compte des recommandations émises par le Conseil national de l’Ordre. Effectivement je me suis senti concerné par l’alinéa II, puisqu’en ce moment même je communique avec vous. Évidemment, il me semble suivre ces principes de communiquer des données étayées et de me « garder de présenter comme des données acquises des hypothèses non encore confirmées ». On voit bien que cette phrase se dirige directement contre quelques collègues, dont un de nos collègues marseillais ! Trop de messages et contre-messages. Il faut dire que j’ai vu de mes yeux vu un pneumologue expliquer à la télé que les masques ne servaient à rien… sinon à augmenter le risque de s’auto-infecter ! Mais qui va décider, in fine, de la « vérité » médicale considérée comme acquise et vraie apte à être communiquée au public ? L’alinéa III semble préciser que l’Ordre sera garant du contenu. L’Ordre a-t-il les compétences scientifiques pour juger de ce qui est « vrai » sur tous les sujets médicaux ? Quoi qu’il en soit, il est difficile de ne pas encadrer la communication médicale mais, à l’inverse, décider qu’il existe une seule bonne réponse pour les problématiques médicales me semble irréaliste. C’est quand vous ne laissez qu’une voix s’exprimer que vous donnez finalement raison aux complotistes !

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