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CONGRÈS

Publié le 27 nov 2020Lecture 4 min

ERS 2020 : impressions

Clairelyne DUPIN, Service de pneumologie A - Centre de compétence de maladies pulmonaires rares, Hôpital Bichat, AP-HP, Paris

Il était prévu une escapade respiratoire viennoise, l’European Respiratory Society a finalement été une virée virtuelle du 6 au 9 septembre 2020. Derrière un écran à la maison, au cabinet ou à l’hôpital entre deux tâches cliniques, ce premier e-congrès a chamboulé les habitudes. L’humanisation en moins, la science a cependant été au rendez-vous avec des présentations et des échanges riches.

Plus de contact social entre deux sessions ou en fin de journée, plus d’échange informel ou de rencontre fortuite permettant de nouer des contacts et de relancer des projets locaux, nationaux ou internationaux. À la place, il a fallu s’organiser et surtout se concentrer. Enchaîner les sessions en virevoltant du clic pour ne rien manquer. Alors il est nécessaire ici de saluer la qualité d’organisation de cet e-congrès. Une multitude de sessions se sont tenues simultanément et le pourcentage d’inter ventions perturbées par des incidents techniques a été très faible. Le plus grand avantage de ce format est certainement la disponibilité de l’intégralité des sessions quelques heures seulement après leur diffusion en direct, et pendant des mois. Ainsi, la tenue simultanée de 2 topos d’intérêt n’est plus un écueil pour le congressiste. Les sessions de communication orale étaient intelligemment orchestrées et minutées pour laisser un temps important aux questions- réponses, permettant aux habituels timides du micro de se voir renseignés. Évidemment, ça n’a pas la saveur du dialogue présentiel, mais la casse est limitée. Et le contenu alors ? Eh bien c’était dense, riche et varié ! Impossible d’aborder un congrès respiratoire en 2020 sans parler de Covid-19 et une large place lui a été donnée dans la journée d’ouverture, avec des sessions en accès gratuit. Il y a été rappelé l’intérêt des corticoïdes systémiques et des anticoagulants dans l’approche thérapeutique, et les sessions épidémiologiques et virologiques ont permis d’apprécier l’étendue de la crise sanitaire et les pistes de recherche futures. Au-delà de la Covid, on a parlé d’asthme à l’ERS. Les études LUSTER 1 et 2 ont entériné le févipiprant (antagoniste hautement sélectif de CRTH2), comme étant négatif sur leur critère principal de jugement, le taux d’exacerbation annuel d’asthme (communication 4614). De même, la phase 2 évaluant le risankizumab (anticorps monoclonal anti-IL-23p19) est mise en échec sur ce même critère, quel que soit le phénotype de patient considéré (communication 4614). Le masitinib (ciblant c-kit et PDGFR) a montré dans une étude de phase II la diminution de 35 % du taux annualisé d’exacerbation, indépendamment du taux d’éosinophiles (communication 4612). Grâce à une large étude de type cas/non cas, l’équipe du Pr Guilleminault a montré que comparativement à l’omalizumab, il n’est pas démontré de sur-risque cardiovasculaire à l’administration de biothérapies visant l’IL-5 et l’IL5-R (communication 3692). La thermoplastie, quelque peu reléguée ces dernières années dans l’asthme sévère avec l’avènement de plusieurs biothérapies, pourrait être plus largement considérée avec l’obtention récente d’un critère de remboursement en France. Il n’est alors pas inintéressant de savoir que la structure des composants épithéliaux et mésenchymateux des voies bronchiques diffère selon le site de prélèvement, selon l’étude suisse menée dans une population de 30 pa - tients asthmatiques sévères biopsiés sur 5 sites différents (communication 5043). La différence de masse de muscle lisse bronchique (plus faible dans les lobes supérieurs) pourrait avoir un intérêt dans la thermoplastie. Enfin, l’analyse post-hoc de l’essai AMAZES présentée par S. Taylor (communication 3695) identifie la concentration bronchique élevée d’Haemophilus influenzae comme biomarqueur prédictif de réponse à l’azithromycine chez l’asthmatique sévère. Concernant la BPCO, l’ERS/ATS a présenté ses recommandations d’interrompre les corticostéroïdes inhalés au profit de bronchodilatateurs chez les patients non exacerbateurs et non éosinophiles (< 300/mm3) (communication 4515). Les pneumopathies interstitielles diffuses ont également été à l’honneur pendant cet ERS 2020. Sur le plan thérapeutique, citons deux résultats intéressants. Une équipe danoise a conforté la sécurité d’emploi du méthotrexate dans les PID liées à la polyarthrite rhumatoïde, avec l’absence de sur-risque de pneumotoxicité (communication 4574), corroborant ainsi l’étude française de Juge et coll. publiée cette année dans l’ERJ. Par ailleurs, les résultats de l’étude IMPALA démontrent que la molgramostime inhalée entraîne une amélioration des critères physiologiques, radiologiques, biochimiques et cliniques pour les patients présentant une protéinose alvéolaire pulmonaire auto-immune (communication 3803). Dans le champ diagnostique, citons le dispositif eNose qui a fait l’objet de deux communications. En distinguant des empreintes de souffle, cet outil non invasif serait sensible et spécifique pour le diagnostic positif de PID et surtout pour la distinction étiologique (communications 5191 et 4395). Cet e-ERS 2020 a donc été un succès malgré les difficultés majeures liées au contexte sanitaire. Espérons cependant qu’il ne sera pas nécessaire de renouveler l’expérience en 2021 et que Barcelone pourra voir les pneumologues d’Europe et d’ailleurs de nouveau se retrouver et débattre de vive voix.

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