publicité
Facebook Facebook Facebook Partager

Allergologie

Publié le 09 jan 2011Lecture 2 min

Les hypersensibilités médicamenteuses peuvent-elles être d’origine virale ?

Dr F.Lavaud
L’allergologue va-t-il se transformer en virologue ? Nous savions que la discipline était transversale et que les connaissances requises en allergologie concernaient beaucoup de domaines de la médecine et de la biologie. Cependant, à part peut-être dans la genèse de certains asthmes, la communauté allergologique s’intéressait peu aux virus. Les choses vont sans doute changer à la lumière des travaux de l’équipe INSERM 905 de Rouen dirigée par Pierre Musette montrant que certains DRESS (Drug Reaction with Eosinophilia and Systemic Symptoms) étaient liés à la réactivation d’un virus EBV (Epstein Barr Virus) demeurant en temps normal à l’état «dormant».
  Dans leur travail qui porte sur 40 patients présentant un DRESS où l’imputabilité médicamenteuse avait été retenue pour la carbamazépine, l’allopurinol ou le sulfométhoxazole, la réactivation des virus EBV et herpès était observée dans 76 % des cas. Ce réveil était objectivé par une augmentation du nombre de lymphocytes CD8+ dirigés spécifiquement contre ces virus en sécrétant de grandes quantités de TNFα (Tumor Necrosis Factor alpha) et d’interféron γ. La production de  ces cytokines était particulièrement élevée chez les patients qui présentaient les formes cliniques les plus sévères, avec une forte concentration dans le sang, la peau, le foie et les poumons. Ainsi, les médicaments incriminés stimulent la production d’EBV dans les lymphocytes B transformés par le virus. L’activation virale a pour conséquence la stimulation de clones lymphocytaires CD8+ dirigés contre le virus et produisant des cytokines délétères sur l’organisme avec éruption cutanée et désordres viscéraux. Ces phénomènes ne sont pas observés chez des patients témoins. La raison pour laquelle certains médicaments déclenchent l’activation virale chez certains sujets n’est pas encore élucidée et reste en cours d’investigations. Ces travaux préliminaires ouvrent donc de nouveaux horizons physiopathologiques, diagnostiques et aussi thérapeutiques. Le DRESS est une toxidermie particulièrement sévère avec une mortalité de 10%. Sa prise en charge pourrait évoluer vers la prescription d’antiviraux en complément des mesures thérapeutiques habituelles, éviction du médicament impliqué et traitement symptomatique. Reste à démontrer si le même mécanisme est observable dans d’autres toxidermies ou hypersensibilités médicamenteuses.

Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.

pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.

Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :

Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :

Version PDF

Articles sur le même thème

Vidéo sur le même thème