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Environnement

Publié le 21 déc 2008Lecture 8 min

Habitat et santé : Quand les professionnels du bâtiment dialoguent avec les médecins

G. GERTNER, OPA pratique
Les pathologies liées à l’environnement intérieur sont nombreuses: elles concernent les systèmes sensoriels (le bruit, la lumière), mais surtout le système respiratoire. La journée «Habitat Santé», organisée par la société française d’allergologie et qui s’est déroulée récemment à Paris, a réuni médecins et techniciens du bâtiment pour répondre aux questions qui se posent aujourd’hui dans ce domaine.
Les matériaux utilisés au sein d’un habitat individuel ou collectif sont presque tous susceptibles d’être à l’origine de pathologies souvent respiratoires, qu’il s’agisse de matériaux de structure (béton, brique, bois), d’isolation, des peintures et des vernis ou des revêtements de murs et de sols. Par ailleurs, la qualité de la ventilation est déterminante en matière de qualité de l’air intérieur. En 2004, l’étude LARES (Large Analysis and Review of European Housing and Health Status) de l’OMS a confirmé que de nombreuses caractéristiques de l’habitat augmentaient les tendances dépressives : bruit, humidité, inconfort thermique, manque d’espace, luminosité… Cette étude a également confirmé l’association entre l’humidité, le développement de moisissures et la fréquence des crises d’asthme, des rhinites, des pharyngites et de l’eczéma. Les priorités qui découlent de cette étude concernent principalement les matériaux de construction et la qualité de l’air intérieur. Revêtements de sol et qualité de l'air intérieur Selon leur nature, les revêtements de sol représentent une source potentielle de pollution de l’air intérieur en raison de l’importante surface en contact avec l’air, de l’utilisation de colles et de traitements de finition, de leur pose, éventuellement couplée avec le chauffage au sol et leur modalité d’entretien. Par ailleurs, l’absorption de substances telles que des plastifiants, des pigments, des stabilisants, des biocides… par contact cutané peut être à l’origine d’irritation ou d’allergie cutanée pour les très jeunes enfants. Aussi, est-il utile de s’informer sur les caractéristiques sanitaires de tout revêtement de sol, qu’il soit d’origine synthétique ou naturelle, qu’il soit minéral, textile, résilient, stratifié, en bois, en résine, etc. La Directive des produits de construction précise à cet égard les critères d’évaluation pour des performances sanitaires satisfaisantes. Les paramètres à considérer sont principalement les émissions de composés organiques volatils, les émissions de fibres et de particules, le comportement vis-à-vis de l’humidité et la sensibilité aux microorganismes, les émissions radioactives et les performances acoustiques. Quelques labels permettent de choisir un revêtement de sol: des labels généralistes (Natureplus qui est un label européen, l’Ange Bleu), des labels spécifiques (Oeko-tex Standard 100 pour les revêtements de sol textiles), GUT pour les moquettes, EMICODE pour les colles. Les peintures et les vernis Les peintures associent des solvants (hydrocarbures, alcool, glycols, etc.), des résines ou liants, des pigments, des charges responsables de la résistance mécanique ou aux UV, des adjuvants (dispersants, anti-peaux, etc.). Les vernis ont une composition similaire : ce sont avant tout les solvants et les résines qui peuvent être toxiques. En aigu, ces substances peuvent entraîner des troubles neurologiques (céphalées, vertiges, etc.), une irritation des voies aériennes supérieures, avec une augmentation de la réponse inflammatoire au niveau de la muqueuse bronchique et une aggravation d’un asthme préexistant. Par ailleurs, certains composants peuvent entraîner une sensibilisation à long terme (rhinite, eczéma, etc.). Des réactions allergiques peuvent se produire avec les produits sous forme de poudre à mélanger à de l’eau avant application ou s’ils comportent des distillats d’agrumes. Les composés organiques volatils (COV) émis par les peintures peuvent être à l’origine d’une augmentation du nombre de crises d’asthme et de la survenue du syndrome d’hypersensibilité chimique multiple. L’application de peintures à l’intérieur d’un logement peut être à l’origine d’une pollution significative qui peut durer plusieurs semaines. Or, aucun étiquetage harmonisé ne permet au consommateur d’évaluer le niveau d’émission d’une peinture lors de l’achat. Les peintures éco-labellisées ne garantissent pas un faible niveau d’émission. Seules les peintures naturelles testées offrent un niveau très bas de pollution lors de l’application. Idéalement, il faudrait respecter une durée de séchage de 2semaines minimum sans occuper la pièce, en assurant une ventilation. Et il faudrait autant que possible appliquer la peinture dans une pièce vide afin d’éviter que les polluants ne soient absorbés par les moquettes, rideaux ou matelas, puis réémis dans l’atmosphère. L'isolation Les matériaux actuellement utilisés pour l’isolation thermique des bâtiments sont moins susceptibles qu’auparavant d’altérer la qualité de l’air intérieur. Cependant, la mise en place d’isolants contenant des fibres, leur vieillissement, des travaux de maintenance mal conduits peuvent être à l’origine d’effets indésirables. Par ailleurs, certains matériaux d’origine naturelle peuvent faciliter la prolifération de micro-organismes bactériens ou fongiques quand ils sont appliqués en zone humide. Matériaux de structure Le béton ne libère pas de fibres ou de particules et est inerte pour la croissance des microorganismes. En revanche, le bois libère, selon les essences, des aldéhydes et des terpènes naturels. Lorsqu’il est traité contre les nuisibles (insectes, champignons), il est source de pesticides et/ou de solvants. Collé, il peut libérer des COV, tel que le formaldéhyde. Par ailleurs, très hydroscopique, le bois constitue une niche favorable au développement des moisissures.   Le formaldéhyde Il s’agit d’un polluant particulièrement nocif, à l’origine d’une irritation des yeux, de la gorge, du nez et des voies respiratoires. Substance classée comme cancérigène, elle est à l’origine de cancers de la cavité buccale, des fosses nasales, des sinus, et serait impliquée dans certaines leucémies. Toutefois, il semble que les concentrations de formaldéhyde dans les bâtiments n'ont pas d'effet cancérigène. On retrouve cette substance dans : • les résines utilisées pour fabriquer les bois agglomérés, les contreplaqués, les lamellés-coupés ; • les colles employées pour la fabrication des cloisons, plafonds, planchers, panneaux acoustiques, meubles (particulièrement les meubles neufs) ; • les peintures ; • les vernis pour parquets ; • les moquettes ; • les textiles. Mais c’est la fumée de tabac qui reste la source intérieure de formaldéhyde la plus importante.   Ventiler pour assainir son habitat Disposer d’un système de ventilation efficace est indispensable. En effet, un renouvellement d’air insuffisant peut avoir de nombreuses conséquences: confinement, excès d’humidité avec dégradation des revêtements et développement de moisissures, combustion incomplète avec apparition de monoxyde de carbone, accumulation de polluants intérieurs et d’allergènes, prolifération de micro-organismes. Par ailleurs, la bio-contamination des conduits de ventilation diffuse poussières et microorganismes. Aussi, les impacts sanitaires d’une mauvaise conception, installation, entretien ou surveillance des systèmes de ventilation peuvent être une intoxication oxycarbonée, des pathologies infectieuses, respiratoires ou allergiques. Sur le plan réglementaire, l’installation d’un système de ventilation est obligatoire dans les logements et les bureaux neufs. Des débits minimaux ont été fixés par le règlement sanitaire départemental, dans les conditions climatiques moyennes d’hiver, en fonction du nombre de pièces des habitations et de leur affectation. Le code du travail définit même les débits minimaux d’air neuf par occupant en fonction de la destination des locaux professionnels.   Deux types de ventilation pour l'habitat • La ventilation statique. Elle fait appel au principe de la circulation verticale de l’air chaud. Celuici, en se déplaçant verticalement dans un conduit principal, entraîne l’air vicié dans différents locaux qui sont raccordés sur la colonne principalepar des conduits-shunts. Les grilles d’aération sont généralement situées dans les pièces humides à ventiler. • La ventilation dynamique. Il s’agit d’une ventilation mécanisée (VMC ou ventilation mécanique centralisée). Elle permet de tirer l’air grâce à l’action d’une turbine d’extraction entraînée par un moteur électrique. Il existe des systèmes à simple ou double débit, et parfois à double flux, permettant un échange des calories entre l’air extrait et l’air neuf. Il existe par ailleurs des systèmes à recyclage partiel de l’air extrait. De nouveaux métiers Les hygiénistes des réseaux de ventilation sont des techniciens spécialisés, formés à ce métier par le COSTIC (Centre d’étude et de formation pour le génie climatique) ou par le CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment) aptes à remplacer, modifier et remettre en état un équipement de ventilation. Les conseillers en environnement intérieur sont des professionnels diplômés (DIU Santé Respiratoire ou licence professionnelle des métiers de la santé et de l’environnement) qui établissent un audit de l’environnement intérieur au domicile des personnes qui en font la demande, par le biais d’un médecin et sur prescription de celui-ci. Ils réalisent des prélèvements et des mesures d’allergènes et établissent un diagnostic permettant ensuite de mettre en oeuvre des mesures pour l’éviction des polluants domestiques et des allergènes et d’adapter son habitat.

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