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Environnement

Publié le 25 mar 2024Lecture 3 min

Le surpoids n’est pas un problème de poids, c’est un problème immunitaire

Colas TCHÉRAKIAN, Hôpital Foch, Suresnes

On a redécouvert que la graisse ne se résume pas à des sacs d’adipocytes remplis de lipides. Les adipocytes sont de puissants sécréteurs de cytokines qui influent sur l’immunité. L’obésité est avant tout une maladie systémique pro-inflammatoire avec des réponses immunitaires inadaptées. Cela nous a été violemment rappelé par les infections grippales H1N1 puis avec le Covid, responsables de tableaux catastrophiques chez les personnes obèses avec un taux important de passage en réanimation et de décès. L’obésité module largement l’immunité et, en plus de modifier la réponse anti-infectieuse, elle augmente le risque de cancer et de maladies auto-immunes. En dehors des complications mécaniques tel les troubles musculo-squelettiques, l’obésité est responsable d’aggravation des maladies immunitaires comme l’athérome, le diabète mais aussi l’asthme, l’allergie, la dermatite atopique ainsi que la survenue de maladies auto-immunes comme la polyarthrite rhumatoïde.De plus, elle diminue la réponse aux traitements ciblant la voieT2 en renforçant la voieTh17. Nous avons tous noté cette réponse amoindrie des anti-T2 chez les patients obèses. À l’inverse, nous avons pu sevrer des biothérapies chez des patients ayant retrouvé un poids normal.

L’épidémie de l’obésité va-t-elle disparaître ? Les nouveaux médicaments antidiabétiques devenus anti-obésité sont-ils vraiment efficaces ? Oui, à titre d’exemple la perte de poids sous agoniste du GLP-1 est déjà supérieure à 10 % et significativement associée à une réduction des complications. D’autres traitements en développement permettront d’approcher une réduction de 25 % du poids, à l’instar des résultats de la chirurgie bariatrique. Est-ce la fin de la chirurgie bariatrique ? C’est possible. Pour l’instant, on prévoit une envolée des cours de la bourse et… des pénuries de ces médicaments, tellement la demande est forte. L’investissement est-il rentable ? Oui, c’est une chance d’avoir enfin des traitements médicamenteux efficaces dans l’obésité pour nous aider à mieux contrôler les pathologies inflammatoires des patients. Et c’est un bon investissement, car cela va limiter le nombre de complications allant de la NASH (stéato-hépatite non alcoolique) au cancer en passant par les complications métaboliques et mécaniques de l’obésité. Autre effet secondaire de ces traitements : une baisse d’appétence pour le sucre, dont témoigne une baisse de vente des produits sucrés depuis la disponibilité de ces traitements aux États-Unis. Prévenir ou guérir ? Quand on sait que l’obésité a triplé en trente ans et que 80 % de nos enfants sont inactifs, dont 20 % en surpoids et 6 % obèses, on se pose la question suivante : ne faudrait-il pas enfouir quelques milliards dans la prévention plutôt que dans le traitement ? Je rappelle que 1 euro injecté dans la prévention permet une économie de 1,7 euro de dépense de santé. Les vertus du régime méditerranéen sur les maladies cardiovasculaires et le cancer, ainsi que le contrôle des maladies inflammatoires ne sont plus à démontrer(il existe de belles études montrant que les asthmatiques vont mieux quand ils passent du burger au régime méditerranéen). L’instauration d’une activité physique adaptée et la baisse de la sédentarité montrent également des vertus similaires. Mais ces habitudes de vie s’éduquent et les investissements du ministère de la Santé et de la Prévention me semblent aller davantage vers le curatif que la prévention.

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