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Allergologie

Publié le 03 mai 2011Lecture 4 min

Erreurs dans la prise en charge de l’anaphylaxie par les médecins, les patients et la communauté scientifique…

Dr G.Dutau
M. Kastner et coll. ont effectué une méta-analyse pour identifier les erreurs dans la prise en charge de l’anaphylaxie à la phase aiguë et à plus long terme, imputables aux médecins, aux patients et à la communauté (en particulier les parents et les personnes qui s’occupent des enfants). Cette étude importante montre l’étendue des efforts qui restent à faire et les points sur lesquels ils doivent porter. 
Après avoir identifié 5 014 articles, les auteurs n’en ont finalement retenu que 59. En effet, les critères d’inclusion très stricts n’admettaient que les études prospectives ou rétrospectives, quantitatives ou qualitatives, ayant pour thème les anomalies (erreurs) dans le traitement et la prise en charge de l’anaphylaxie. Ils ont pu identifier 202 erreurs études dont voici les principales.  Chez les médecins, on trouve : – le manque de connaissance ; – les insuffisances de prise en charge ; – les erreurs dans le suivi. Trois études montrent un manque de connaissance des symptômes d’anaphylaxie dont il résulte un diagnostic incorrect, très préjudiciable. Les dispositifs auto-injecteurs d’adrénaline sont mal connus : les praticiens ne savent pas les utiliser (cinq études) ou les utilisent incorrectement. Par conséquent, ils ne savent pas donner les instructions correctes à leurs patients (10 études). Une étude montre que les patients dont le dispositif injecteur a été prescrit par un médecin généraliste ne l’ont pas sur eux (ou ne savent pas l’utiliser) comparativement à ceux dont la prescription a été effectuée par un allergologue. Aux États-Unis, où cette étude a été effectuée, peu de médecins savent quelles sont les doses contenues dans l’appareil, qu’il y en a deux (a), que la posologie dépend du poids, ni que la voie d’injection doit être intramusculaire à la face antérolatérale de la cuisse (b). Huit études montrent que l’adrénaline n’a pas été utilisée et cinq autres qu’elle l’a été avec retard au cours de l’anaphylaxie aiguë. Concernant le suivi, le défaut de la prescription préventive de l’adrénaline est signalé quel que soit l’hôpital, pédiatrique ou d’adultes, civil ou militaire. Fait important : au moins cinq études indiquent que les antihistaminiques ou les corticoïdes sont plus souvent prescrits que l’adrénaline, en dépit des nombreuses recommandations internationales qui indiquent que l’adrénaline est le seul traitement de première ligne de l’anaphylaxie (1,2). Enfin, après un épisode d’anaphylaxie, les patients sont loin d’être toujours adressés à un allergologue, réflexe pourtant essentiel car leur vie sera en danger en cas de récidive(c). La prise en charge par les patients et la communauté est également chaotique : le manque de connaissance de l’anaphylaxie, des systèmes auto-injecteurs d’adrénaline et de leur fonctionnement, des moyens d’éducation est à nouveau relevé. À titre d’exemple, sept études signalent que les patients ne portent pas sur eux le dispositif auto-injecteur d’adrénaline qui leur a été prescrit. Dans cinq études, aucun plan d’action écrit n’a été donné pour la conduite à tenir en milieu scolaire. Ces conduites erronées ou approximatives entraînent des altérations importantes de la qualité de vie des patients et de leurs familles. On est surpris de constater tant d’erreurs au sujet du diagnostic et de la prise en charge d’une affection dont on parle, nous semble-t-il beaucoup, et dont la fréquence est en augmentation, en particulier chez les enfants et les adolescents. Le manque de connaissance des symptômes d’anaphylaxie reste un problème crucial. La persistance d’un certain ostracisme, injustifié, envers l’adrénaline est probablement aussi en cause. Beaucoup reste à faire, aux États-Unis et partout ailleurs, pour faire connaître l’anaphylaxie. a. Ceci est valable pour Twinject®, uniquement commercialisé aux États-Unis, qui comporte 2 doses d’adrénaline (0,15 et 0,30 mg). b. La dose d’adrénaline par IM est de 0,01 ml/kg d’adrénaline à 1 ‰ (1 mg/ml) sans dépasser 0,5 mg. Cette dose peut être répétée à courts intervalles (toutes les 5 à 10 minutes). Avec Anapen®, disponible en France, la dose est de 0,15 mg pour 15-30 kg et de 0,30 mg pour > 30 kg. L’administration de la dose 15-30 kg à un enfant de moins de 15 kg est sans risque chez un sujet normal. c. On estime qu’un patient sur deux sort ders urgences sans conseil de consulter un allergologue ou rendez-vous pris un mois plus tard chez ce dernier, ce qui devrait être une règle intangible.

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