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Allergologie

Publié le 20 jan 2013Lecture 7 min

Le risque allergique des probiotiques : ils peuvent contenir des allergènes masqués !

Probiotiques et prébiotiques : Les probiotiques(a) sont des micro-organismes vivants de type levures et surtout bactéries appartenant aux genres Lactobacillus et Bifidobacterium ajoutés à certains produits alimentaires (yaourts, soupes, crèmes, céréales, etc.) ou donnés aux mères et/ou aux nourrissons afin de modifier leur microflore intestinale. Ils ont été utilisés pour la prévention et le traitement de maladies atopiques comme la dermatite atopique (DA), une affection fréquemment associée à l’allergie alimentaire (AA). Ces produits sont également prescrits pour améliorer les troubles digestifs des nourrissons allaités ou non (coliques, régurgitations, diarrhée)(1).
G. DUTAU, Toulouse Probiotiques et prébiotiques • Les probiotiques(a) sont des micro-organismes vivants de type levures et surtout bactéries appartenant aux genres Lactobacillus et Bifidobacterium ajoutés à certains produits alimentaires (yaourts, soupes, crèmes, céréales, etc.) ou donnés aux mères et/ou aux nourrissons afin de modifier leur microflore intestinale. Ils ont été utilisés pour la prévention et le traitement de maladies atopiques comme la dermatite atopique (DA), une affection fréquemment associée à l’allergie alimentaire (AA). Ces produits sont également prescrits pour améliorer les troubles digestifs des nourrissons allaités ou non (coliques, régurgitations, diarrhée)(1). • Les prébiotiques(b) sont des fructo-oligosaccharides naturels (trans-galacto-oligosaccharides, fructanes, etc.) qui stimulent la croissance des bifidobactéries et des lactobacilles de la microflore intestinale. Les symbiotiques sont l’association d’un prébiotique et d’un probiotique. Les postbiotiques sont des bactéries servant à produire un métabolite recherché pour un effet bénéfique sur la santé. Les effets potentiels des probiotiques dépendent de plusieurs facteurs : – administ rat ion de souches vivantes ou lyophilisées ; – en quantité suffisante ; – pendant une durée suffisante. Il est important de savoir que les effets dépendent du germe utilisé et, surtout, qu’aucune étude n’a pour l’instant confirmé leur innocuité à moyen et long terme. Allergie aux probiotiques ? Entre 2006 et 2009, quelques cas de réactions allergiques après la consommation de probiotiques ont été décrits (2-4). • En 2006, D.A. Moneret-Vautrin et coll.(2) ont rapporté le cas d’un nourrisson de 11 mois atteint d’allergie aux protéines du lait de vache (APLV) associée à une DA. En raison d’une diarrhée à Escherichia coli, un probiotique lui fut administré et, 156 minutes après la prise, il développa un érythème généralisé et une gêne laryngée. Le prick-test (PT) au probiotique en cause (Bacilor®) était positif (7 x 7 mm). Dans cette étude, les PT de 3 autres enfants âgés de 3, 8 et 10 ans atteints d’APLV persistante furent positifs à 2 ou 3 probiotiques testés (Bacilor®, Imgalt®, Ditopy®). Ayant interrogé les fabricants, les auteurs incriminaient le lactosérum et la caséine, allergènes masqués apportés dans le processus de fabrication des probiotiques. • En 2007, T.T. Lee et coll.(3) ont soumis 10 enfants atteints d’APLV, âgés de 5 mois à 10 ans (IgEs 1,5 à 100 kUA/l contre le lait de vache), à des PT contre 4 probiotiques (O-LAC®, Bacilor®, Imgalt®, Ditopy®). Les PT étaient positifs pour le lait de vache chez tous les patients (moyenne 9,1 ± 3 mm). Pour les probiotiques, les PT étaient positifs pour Bacilor® (10 enfants sur 10), Imgalt® (7 sur 10) mais négatifs pour Ditopy®. Pour ces 3 produits, la moyenne des PT étai t respect ivement de 5,2 ± 1 mm (Bacilor®), 3,3 ± 0,7 mm (Imgalt®) et 0,4 ± 0,2 mm (Ditopy®). De plus, des taux significatifs de bêtalactoglobuline furent détectés pour Bacilor® et Imgalt®. Toutefois, ces résultats doivent être nuancés par de possibles variations de lot à lot(3). • Ultérieurement, F.M. Bruni et coll. (4) ont effectué des PT vis-à-vis de 3 probiotiques (Fiorilac®, Dicoflor ® et Reuterin®) chez 85 patients de 4 mois à 12 ans atteints de DA. Parmi les 36 patients ayant un PT positif au lait de vache (> 3 mm), 28 (77,8 %) avaient un PT positif au Fiorilac®, 4 (11 %) au Dicoflor® et 4 (11 %) au Reuterin®. La sensibilisation au Fiorilac® était plus importante que celle dirigée contre le Dicoflor® ou le Reuterin®. L’utilisation de probiotiques chez les enfants atteints d’APLV doit évidemment se limiter aux produits dépourvus d’allergènes masqués du lait de vache, d’autant que les patients atteints d’APLV persistante peuvent avoir des seuils réactogènes faibles. La réalisation de PT pourrait permettre de détecter les produits à utiliser. Encore faudraitil qu’ils soient indiqués et que l’on puisse faire confiance à leur étiquetage ! Mais peut-on faire confiance aux étiquettes ? Les probiotiques peuvent-ils contenir des allergènes masqués ? La réponse à cette question est apportée par la lecture de l’étude de M.F. Martin-Muñoz et coll.(5) qui motive cette analyse. • Dans un premier temps, ces auteurs rapportent le cas d’une fillette de 6 ans, atteinte d’AA multiples à seuil réactogène bas (lait de vache, oeuf de poule, poisson, kiwi, noisette) qui développa une anaphylaxie immédiatement après avoir pris une gorgée de solution contenant pour moitié du thé et un probiotique (Acidophilus Ultra®). L’étiquette du probiotique indiquait l’absence de protéines lactées, de colorants et d’additifs, d’amidon, de blé, de maïs, de soja et de levures. Cependant le PT était positif (> 3 mm) au probiotique et le test ELISA révélait qu’il contenait 22,1 mg/kg de lait de vache et 47 mg/kg de protéines du blanc d’oeuf (5). • À la suite de ce cas, M.F. Martin- Muñoz et coll.(5) ont décidé de rechercher la présence de protéines du lait de vache et d’oeuf dans les produits probiotiques disponibles en Espagne. Onze probiotiques étaient étudiés : aucun n’indiquait la présence possible d’oeuf et 8 mettaient en garde contre la présence de lactose, d’acide lactique ou de lait de vache ; une étiquette mentionnait l’absence de lait ; 2 ne donnaient aucune information. • Quinze enfants furent enrôlés : 5 ayant une APLV (âge 5-9 ans et IgEs comprises entre 0,47 et 7,32_kUA/l), 5 ayant une AA à l’oeuf (âge 6-11 ans et IgEs comprises entre 0,77 et 5,72 kUA/l), 5_témoins non allergiques appariés. La technique ELISA (4 méthodes) était utilisée pour détecter la présence de protéines de lait et/ou d’oeuf dans les 11 probiotiques. • Les PT étaient effectués avec une solution de 20 mg/ml de probiotique. Quatre étaient positifs chez les 5 enfants atteints d’APLV ; 4 étaient également positifs chez les 5 enfants atteints d’AA à l’oeuf_; tous les PT étaient négatifs chez les témoins. • Le lait de vache fut détecté par au moins une des 4 techniques ELISA dans 10 probiotiques sur 11 : 3 d’entre eux en contenaient plus de 2,5 mg/kg (21, 52, 112 mg/kg). Des protéines du blanc d’oeuf étaient étaient présentes dans 3 probiotiques sur 11, un seul d’entre eux en contenant plus de 2,5 mg/kg. Conclusion La composition de ces produits, mal ou non indiquée, n’est pas sûre pour les sujets atteints d’AA au lait et à l’oeuf puisque, dans l’étude de M.F. Martin-Muñoz, 91 % des probiotiques contenaient des protéines de lait et 27 % des protéines d’oeuf. Ces résultats, obtenus en Espagne, sont similaires avec ceux qui ont été enregistrés en France et en Italie. Pourtant les probiotiques et les compléments alimentaires sont régis par les règlements européens (circulaire 178/2002/EC, directive 2000/13/EU), mais certains probiotiques sont enregistrés comme des herbes médicinales et d’autres comme des médicaments(6). Il est urgent que des réglementations strictes soient appliquées à ces produits, en particulier en termes d’exigences de traçabilité, de composition et de standardisation. Conflit d’intérêts : aucun. Références 1. Szajewska H et al. Lactobacillus reuteri DSM 17938 for the management of infantile colic in breastfed infants: a randomized, double-blind, placebocontrolled trial. J Pediatr 2012 Sep 14 doi: 10.1016/j.jpeds.2012.08.004. [Epub ahead of print]. 2. Moneret-Vautrin DA et al. Probiotics may be unsafe in infants allergic to cow’s milk. Allergy 2006 ; 61 : 507-8. 3. Lee TT et al. Contamination of probiotic preparations with milk allergens can cause anaphylaxis in children with cow’s milk allergy. J Allergy Clin Immunol 2007 ; 119 : 746-7. 4. Bruni FM et al. Cow’s milk allergic children can present sensitisation to probiotics. Acta Paediatr 2009 ; 98 : 321-3. 5. Martin-Muñoz MF et al. Anaphylactic reaction to probiotics. Cow’s milk and hen’s egg allergens in probiotic compounds. Pediatr Allergy Immunol 2012 Sep 9 doi: 10.1111/j.1399- 3038.2012.01338. 6. Saxelin M. Probiotic formulations and applications, the current probiotics market, and changes in the marketplace: a European perspective. Clin Infect Dis 2008; 46 Suppl 2: s76-s79.

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