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Publié le 28 avr 2023Lecture 3 min

Manipuler le système immunitaire pour traiter les maladies : quelle limite ?

Colas TCHÉRAKIAN, Hôpital Foch, Suresnes

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Le système immunitaire est une machine incroyable. Pourtant, il lui arrive de dysfonctionner. Le mois dernier nous abordions la révolution de l’immunothérapie, qui permet de réactiver un système immunitaire endormi par le cancer. Parfois, à l’inverse, il est trop activé et la maladie naît. Deux types d’hyperactivation peuvent se voir. Soit il est trop activé contre une protéine de l’organisme et c’est l’apparition d’une maladie auto-immune. C’est le cas au cours de la polyarthrite rhumatoïde (PR) ou de la sclérose en plaques. La liste de ces maladies auto-immunes est longue. Comme beaucoup d’autres, elles ont longtemps été traitées par corticoïdes. Depuis, chacune de ces maladies (et bien d’autres) bénéficient des avancées dans la compréhension de l’immunologie. Cela a permis de cibler précisément le mécanisme immunologique ou la voie cytokinique prépondérante. Les anti-TNF ont été les premiers à bouleverser l’issue de la PR. Depuis, la liste des traitements immunomodulateurs et des cibles immunologiques ne cesse de s’allonger. Parfois, une partie du système immunitaire se trouve trop activée, de façon inappropriée. Le grand public l’a découvert avec le Covid, avec le fameux « orage cytokinique », cette réponse inappropriée et excessive du système immunitaire sur les voies de l’IL-6 et de l’IL-1, qui aboutissait au décès.Parfois, une partie du système immunitaire se trouve trop activée, de façon inappropriée. Le grand public l’a découvert avec le Covid, avec le fameux « orage cytokinique », cette réponse inappropriée et excessive du système immunitaire sur les voies de l’IL-6 et de l’IL-1, qui aboutissait au décès. Au sein de ces maladies, on retrouve également l’asthme et la polypose naso-sinusienne (PNS). Dans l’asthme allergique, la toute première manipulation du système immunitaire remonte à l’immunothérapie, dont elle ne cesse de démontrer ces bénéfices. Ensuite, comme dans la poly- arthrite, nous avons bénéficié de thérapeutiques immunomodulatrices. Dans l’asthme et la PNS, les biothérapies successives ont permis de juguler les débordements du système immunitaire. Ces traitements sont spécifiques des voies immunologiques T2, ciblant et bloquant l’excès de production d’IgE, d’IL-5 ou encore d’IL-4/IL-13. Ces biothérapies sont efficaces et permettent d’éviter les dégâts collatéraux des corticoïdes systémiques, responsables d’une morbi-mortalité secondaire importante dans ces maladies chroniques. Dans ces traitements, on reste toutefois tributaire des injections inhibant l’activation du système immunitaire. Traiter l’hyperactivation du système immunitaire... en induisant une maladie auto-immune ? Or voilà qu’on propose de rééquilibrer votre système immunitaire... en vous créant une maladie auto-immune contre la voie immunitaire suractivée. Cette troublante idée prend corps dans une étude de faisabilité chez la souris humanisée*. Comment fait-on ? On vous « vaccine » contre la cytokine que vous produisez en excès. Conséquence directe : vous faites une maladie auto-immune, mais cette fois avec un bénéfice sur la régulation de votre système immunitaire. Ici, on vous vaccine avec l’IL-4/IL-13, dont le blocage par le dupilumab a montré un bénéfice sur l’asthme et la PNS et... vous produisez votre propre dupilumab ! Il reste, certes, beaucoup d’étapes à passer pour ces kinoïdes (vaccins contre vos propres cytokines) mais le concept est pour le moins « out of the box », disruptif dirait-on aujourd’hui ! À suivre.

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