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Infectiologie

Publié le 02 oct 2022Lecture 3 min

Le Monkeypox concerne-t-il les ORL ?

Quentin LISAN, ORL-chirurgie cervico-faciale ; Hôpital Foch, Suresnes

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Début mai 2022, un cas de Monkeypox a été diagnostiqué en Grande-Bretagne. Depuis, plus de 44 000 cas ont été détectés dans des zones géographiques habituellement épargnées (principalement l’Europe et les Amériques), dont environ 3 000 cas en France. Cette infection touche très majoritairement des patients hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (plus de 95 % des cas). Le Monkeypox est un virus endémique en Afrique de l’Ouest, et uniquement quelques cas sporadiques en dehors de cette région étaient comptabilisés annuellement auparavant. Par exemple, seulement 7 cas ont été diagnostiqués en Grande-Bretagne entre 2018 et 2021. Les signes cliniques sont bien connus, les patients ont un syndrome grippal suivi de l’apparition de lésions cutanées touchant préférentiellement le visage, à type de macules, évoluant vers des papules, vésicules et pustules, l’évolution durant 2 à 4 semaines. Avec l’explosion actuelle du nombre de patients, de grandes études ont décrit les caractéristiques de cette infection, et il se trouve que l’aspect clinique peut différer de celle déjà bien connue. Il s’avère en effet que les lésions cutanées touchent majoritairement (88 % des cas) les parties génitales et non la face comme classiquement décrit. Le syndrome grippal ne précède pas systématiquement les lésions cutanées, 38 % des patients ont le syndrome grippal après la survenue de ces dernières et 14 % n’en n’ont pas. Et les ORL sont largement concernés par cette infection ! En effet, près du quart des patients va avoir une forme purement ORL. Par exemple, dans environ 23 % des cas, il existe des lésions oropharyngées (lésion nodulaire unique ou multiple) isolées, sans autre atteinte cutanéo-muqueuse. Plus du tiers des patients ont une symptomatologie de pharyngite, et jusqu’à 30 % des patients ont des adénopathies cervicales. Environ 5 % des patients ont des lésions amygdaliennes (érythème, œdème, pustules). Il a également été rapporté plusieurs cas de Monkeypox se révélant uniquement par une angine ou un abcès péri-amygdalien, sans aucune autre lésion cutanéo-muqueuse associée. Quelques cas d’épiglottites ont également été décrites. Ainsi, les ORL doivent être au courant de ces formes atypiques ain de ne pas rater le diagnostic. Des lésions oropharyngées (papules, angine, abcès, etc.), même en l’absence d’autres lésions cutanéo-muqueuses, chez un terrain à risque (homme ayant des rapports sexuels avec des hommes) doit faire suspecter le diagnostic de Monkeypox. Le prélèvement des lésions oropharyngées est impératif, en plus du prélèvement des lésions cutanées quand elles sont présentes, le prélèvement de plusieurs sites permettant d’augmenter le taux de positivité des tests. Il est également important de réaliser un bilan des infections sexuellement transmissibles, 31 % des patients ayant une co-infection (gonocoque, Chlamydia, etc.). Heureusement, la majorité des patients ne nécessite pas d’hospitalisation et l’évolution est le plus souvent bénigne.  

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