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CONGRÈS

Publié le 10 déc 2021Lecture 5 min

Allergies cutanées, les haptènes auxquels il faut désormais penser

Denise CARO, Boulogne-Billancourt - D’après la communication de Jean-Luc Bourrain (Montpellier)

S’il n’y a pas eu de révolution récente dans le domaine des allergies cutanées, plusieurs publications ont permis de confirmer ou d’infirmer certaines évolutions, notamment concernant les allergènes le plus souvent en cause.

L'actualité est marquée par la pandémie de la Covid-19 et le port des masques chirurgicaux par l’ensemble de la population depuis plus d’un an. Quelques cas d’allergie de contact ont été rapportés, mais ils sont peu nombreux (comparés aux lésions de rosacée engendrées par le port du masque). Les masques sont en polypropylène. Parmi les allergènes incriminés, on retrouve : des relargueurs de formaldéhyde avec des tests positifs au formaldéhyde et au bronopol(1), des dérivés des isocyanates comme le 2,4-toluène diisocyanate ou l’hexaméthylène di-isocyanate (HDI)(2) et des additifs des caoutchoucs présents dans les attaches élastiques(3). En dehors des masques d’autres allergies de contact ont fait l’objet de publications récentes. Un travail a recensé les principaux aptènes en cause dans la dermatite de contact entre 2005 et 2016. Il met en garde contre les matières plastiques, les résines et les époxys déjà connus, mais dont la fréquence augmente. Les caoutchoucs, les métaux, les acrylates et les produits de coiffure sont également présents. Enfin les isothiazolinones ont fortement progressé jusqu’en 2014 puis ont amorcé une décroissance(4). « Certains de ces allergènes sont difficiles à tester, car nous n’avons pas les bonnes molécules dans nos batteries, a noté J.L. Bourrain (Montpellier). Nous devons tester les produits finis aux bonnes dilutions ». LES ISOTHIAZOLINONES, TOUJOURS D’ACTUALITÉ Les isothiazolinones ont fait l’objet de nombreuses publications récentes. La réglementation sur les cosmétiques a permis une réduction de fréquence des allergies ; il en est de même concernant les fluides de coupe ; en revanche la fréquence des allergies provoquées par les peintures progresse toujours(5). L’absence d’odeur et le nettoyage facile à l’eau ne suppriment pas les risques d’allergie de contact direct ou indirect. Il faut bien aérer les pièces et se protéger la peau. Il faut savoir qu’une fois la pièce peinte, les aptènes sont libérés pendant de longs mois entretenant l’eczéma. Il est alors possible de recouvrir la peinture responsable d’une autre sans isothiazolinone(6). D’une façon générale les usages professionnels sont au-devant de la scène : des cas d’allergie à la BBIT (2-butyl-1-2benziqothiazol- 3(2H)one), à la MCI (méthyl-chloroïsothiazoline) ou à la MI méthylisothiazoline ont été publiés(7). L’isothiazolinone reste présente dans pas mal de produits de nettoyage. Une étude a montré que 76,5 % des produits analysés en contenaient, souvent avec des taux dépassant les taux autorisés pour les cosmétiques rincés, et avec des problèmes d’étiquetage dans un quart des cas(8). Ainsi, les isothiazolinones peuvent être la cause d’expositions variées : aéroportées, de contact, transportées, et elles donnent des tableaux cliniques divers(9). Face à une allergie à une isothiazolinone qui ne guérit pas, il convient de rechercher d’autres dérivés en cause et reprendre l’interrogatoire et l’enquête. Enfin, une publication récente a rapporté des cas d’allergies de contact au « slime » chez des enfants, lésions aggravées par le soleil(10). LES AUTRES ALLERGÈNES À ENVISAGER Autres allergènes possibles, les huiles essentielles sont fréquemment utilisées, en application cutanée ou diffusées dans l’atmosphère, pour des indications diverses : stress, troubles musculo-squelettiques, traitement des voies respiratoires, etc. Elles sont volontiers supposées sans risque, ce qui n’est pas le cas. Elles sont responsables d’allergie de contact, d’éruptions cutanées, de difficultés respiratoires et de sensations de brûlure(11). Elles peuvent avoir été incorporées de façon artisanale à des produits faits maison (déodorant, parfum, produits ménagers, etc.). Il faut alors interroger les patients et tester les produits finis. Les molécules responsables sont très variées et pas toujours présentes dans les batteries de tests. Les usages aéroportés peuvent être trompeurs. En effet, il existe des allergies de contact périorbitaires aux huiles essentielles qui peuvent faire penser à une dermatite atopique chez l’enfant(12). Les antiseptiques sont également responsables d’allergies de contact, avec des sensibilisations multiples pouvant associer la chlorhexidine, le benzalkonium, ou l’alcool benzylique(13). Il faut éviter d’utiliser ces produits larga manu et réserver le bon antiseptique au bon usage ; en effet, la sensibilisation à des produits, quand elle existe, est définitive. Autre sujet de préoccupation, les pompes à insuline et les appareils implantés pour surveiller la glycémie, avec des cas rapportés d’allergies de contact. L’aptène mis en évidence est l’acrylate d’isobornyl (présent dans les batteries de tests)(14). Ces sensibilisations à l’acrylate d’isobornyl peuvent être associées à des allergies au lactone sesquiterpene, probablement du fait d’une parenté moléculaire(15). Il existe des appareils sans acrylate d’isobornyl, mieux tolérés même si une allergie à un autre aptène est toujours possible(16). BALBUTIEMENT DES BIOTHÉRAPIES Sur le plan thérapeutique, on sait encore peu de choses concernant l’intérêt potentiel des biothérapies dans l’allergie cutanée. Une publication récente fait le point sur la question. : on manque de données pour les anti-TNF (infliximab, éta- nercep, adalimumab) ; de premiers résultats encourageants ont été obtenus avec le dupilumab (anti-IL4/IL13) dans des allergies au nickel et des eczémas récalcitrants ; l’anti-IgE (omalizumab) a été évalué dans la dermatite de contact aux protéines de blé ; le sécukinumab (anti-IL17) et l’ustékinumab (anti-IL12/23) n’ont pour le moment apporté d’amélioration significative ; enfin le rituximab (anti-CD20, déplétion lymph B) et l’Anti IgD (déplétion lymph B) en sont encore au stade de l’expérimentation sur modèle murin(17) .

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