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Allergologie

Publié le 06 juil 2021Lecture 5 min

Techniques non invasives et peu invasives pour le diagnostic et la prise en charge des maladies allergiques

Habib CHABANE, Paris

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Un groupe de travail sur le diagnostic non invasif de l’allergie a été initié par l’EAACI en 2019 afin de lister les approches diagnostiques non invasives de l’allergie permettant de conduire à des développements novateurs en pratique clinique. Un texte de recommandations vient d’être publié. Les dosages d’IgE spécifiques sont des méthodes classiques peu invasives. Ils sont très largement utilisés dans le diagnostic des allergies, bien qu’un dosage d’IgE positif n’implique qu’un contact et une sensibilisation antérieurs, mais pas un diagnostic de maladie allergique. Les dosages unitaires d’IgE spécifiques sont en grande partie effectués sur des appareils automatisés. Les techniques multiallergéniques (multiplex) sont semi-automatisées ou manuelles. Celles utilisant des allergènes moléculaires sont disponibles en routine depuis une quinzaine d’années. Les techniques manuelles de diagnostic rapide ne sont pas disponibles en France sauf autotest IgE totales (Laboratoires Mylan). Le récent développement de méthodes basées sur l’utilisation d’une goutte de sang séché (10 µl) sur une bande cellulose simplifie le prélèvement et le met à la portée de tous. Cette méthode de prélèvement s’affranchit des contraintes éventuellement liées à la conservation ou au transport des échantillons. Elle donne des résultats reproductibles pour les dosages d’IgE spécifiques unitaires et multiallergéniques, ainsi que pour les dosages de cytokines. Les méthodes non ou peu invasives de diagnostic chez l’asthmatique mesurent le NO exhalé (FeNO), un bon témoin de l’inflammation éosinophilique bronchique, et/ou la répartition de la cellularité dans l’expectoration induite pour le phénotypage de l’asthme. Dans l’asthme allergique caractérisé par une inflammation Th2, l’éosinophilie dans l’expectoration induite est plus précise et plus sensible que l’éosinophilie sanguine. Le dosage de l’ECP (eosinophil cathionic protein) sérique est un marqueur utilisable en routine, bien qu’il le soit peu en France. Le dosage de la périostine est un marqueur plus sensible mais non disponible en routine en France. D’autres marqueurs de l’inflammation allergique tels les cystéinyl leucotriènes, le facteur bêta-plaquettaire 4, la bêtathromboglobuline, le thromboxane, les interleukines, peuvent être dosés dans l’expectoration induite et dans le fluide muqueux nasal. Ils sont en cours d’évaluation pour leur intérêt en pratique de routine pour le suivi de l’asthmatique. Encore du domaine de la recherche, la quantification de l’expression de certains micro-ARN dans le fluide muqueux nasal, dans le sérum et l’urine semblent être des marqueurs fiables de l’asthme, de la dermatite atopique ou de l’inflammation allergique. Les méthodes non invasives basées sur l’utilisation de « nez électronique » portable ou non pour mesurer les composés organiques volatiles utiles au phénotypage ou au suivi de l’asthme n’en sont qu’à leurs débuts. Les tests salivaires sont une autre voie d’exploration non invasive pour le diagnostic précoce de l’asthme. La méthylation de l’ADN (hyperméthylation du PM20D1) est bien corrélée à la présente d’une respiration sifflante chez le jeune enfant et le développement ultérieur de l’asthme. Les dosages urinaires sont une voie non invasive de choix. Les marqueurs urinaires de l’inflammation allergique et de l’asthme sont disponibles depuis de nombreuses années. Le dosage urinaire du leucotriène E4 (LTE4) est un biomarqueur stable du métabolisme des leucotriènes impliqués dans l’inflammation chez l’asthmatique. Le LTE4 urinaire augmente en cas d’exacerbation de l’asthme, d’asthme induit par l’aspirine et par l’exposition aux allergènes, mais aussi au cours des rhino-sinusites, de la dermatite atopique. Il diminue sous l’effet des certains médi caments dont les antileucotriènes mais pas des corticoïdes. Après une anaphylaxie, des concentrations urinaires élevées de médiateurs mastocytaires (carboxypeptidase A3, chymase, cytokines, facteur d’activation plaquettaire, CCL-2 et prostaglandines ou sulfidoleucotriènes) peuvent été trouvées. La peau est l’organe le plus facilement accessible et une voie d’exploration non ou peu invasive au cours de la dermatite atopique et des eczémas de contact. La perte d’eau transépidermique (Trans epidermal water loss : TEWL) responsable de la sécheresse cutanée peut être mesurée avec un Tewameter qui détermine le taux d’évaporation pour évaluer le degré de rupture de la barrière cutanée dans l’eczéma. Cet outil mesure aussi de façon objective la restauration de la barrière cutanée sous traitement. La cornéométrie mesure la capacité diélectrique comme indicateur de l’épaisseur de la couche cornée et l’hydratation de la peau. Elle sert d’indicateur de lésions cutanées, d’altérations métaboliques et à l’évaluation d’un traitement topique efficace. Ces appareils qui n’ont pas trouvé leur place dans la routine seront peut-être remplacés un jour par des patchs ou des biopuces en cours de développement et qui analyseront en continu plusieurs paramètres à la surface de la peau comme le pH, l’hydratation, le volume de sueur, le glucose, le lactate, les ions, et les transmettront à une application médicale. Enfin, pour le diagnostic non invasif de l’allergie alimentaire, plusieurs dosages de médiateurs dans les selles ont été mis au point. La calprotectine, excellent marqueur des maladies chroniques de l’intestin, peut s’avérer utile pour le diagnostic d’allergie alimentaire digestive non IgE-dépendante. Les dosages de l’ECP, l’EDN (eosinophil derived neurotoxin) et la tryptase dans les selles sont corrélés à la positivité des tests de provocation par voie orale. Le dosage de l’ECP sérique est un examen de diagnostic non invasif utile pour la surveillance de l’œsophagite à éosinophile. Sur la base de cette évaluation, le groupe de travail de l’EAACI recommande vivement de soutenir les investissements en recherche et en innovation afin de rendre les tests de biomarqueurs disponibles grâce aux analyses multi-omiques de cohortes pour une médecine de précision, préventive et des traitements personnalisés des maladies allergiques.

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