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Allergologie

Publié le 15 aoû 2016Lecture 5 min

De l’influence des allergènes aéroportés sur la dermatite atopique

P. MOLKHOU, ancien chargé d’enseignement, Université René-Descartes, Paris

Par définition, une dermatose aéroportée, air borne dermatosis de la littérature anglo-saxonne, est une affection liée à des agents extérieurs transportés par l’air ambiant. Parmi les produits transportés dans l’air, certains sont des gaz et des vapeurs, tandis que d’autres sont des particules solides. Celles-ci peuvent être de nature biologique ou non biologique. Cependant, dans un certain nombre de cas, la symptomatologie résulte en partie d’un contact direct avec l’agent responsable et en partie d’un contact aéroporté et inhalé par la même occasion.

L’équipe de F. de Blay(1) a rappelé que si l’allergène majeur purifié du chat en 1974 par John Ohmann est Fel d1, d’autres allergènes du chat ont été identifiés : Fel d2, albumine du chat, allergène mineur présent dans le sérum et les phanères et surtout présent chez des sujets atteints de dermatite atopique ; Fel d3 est un allergène dans la peau du chat ; Fel d4, allergène majeur, est une lipocaline longtemps méconnue. Les allergènes du chat et du chien appartiennent à la famille des lipocalines (Can f1, Can f2 et Fel d4) et pourraient donc entraîner une réactivité croisée chatchien. L’albumine est aussi un allergène commun des chats et des chiens(1). Un article paru en 2010 de F. de Blay et coll. a attiré l’attention sur les rapports qui pourraient exister entre dermatite atopique et aéroallergènes, en se référant surtout aux acariens(2). La même année, une équipe allemande a détaillé le rôle des protéines aéroportées (acariens de la poussière de maison, blattes, animaux domestiques et pollens) dans la dermatite atopique (DA). Les sujets atteints de DA ont une barrière cutanée déficiente (mutation du gène de la filagrine) qui permet la pénétration des protéines aéroportées dans le derme par trois mécanismes : une activité enzymatique protéolytique, une activation des récepteurs-2 protéases activées PAR2 (Protease-Activated Receptor-2), et la fixation de l’immunoglobuline E qui entraîne une augmentation de l’inflammation(3). Un article rapporté par F. Lavaud dans OPA Pratique (n° 275 Avril 2014) fait état de la présence d’allergènes alimentaires dans les maisons, et en particulier dans la poussière de matelas(4). Toutes ces données renforcent la notion de dermatite de contact aéroportée.   La place des patch-tests dans l'eczéma atopique Le patch-test épicutané employé avec des aéroallergènes et des trophallergènes, connu aussi sous le nom d’atopy patch-test (APT), est un examen clé du diagnostic de l’eczéma atopique, de l’eczéma de contact et des allergies professionnelles. Il est également utilisé dans les allergies respiratoires et les allergies alimentaires de l’enfance. Actuellement, « la dermatite syndrome » ou AEDS (atopic eczema dermatitis syndrome) (figure 1) est subdivisée en formes allergiques et non allergiques.   Il est nécessaire d’expliquer pourquoi l’application d’allergènes sur la peau de sujets atteints de dermatite atopique entraîne une réaction d’eczéma, alors que rien n’apparaît chez des sujets normaux ou chez des atopiques sans dermatite. La réponse à cette question est donnée par la présence d’IgE sur les cellules de Langerhans qui expriment le récepteur de haute affinité pour le Fc des IgE(5). Seuls les sujets atteints de dermatite atopique qui ont un patch-test positif présentent des IgE fixées sur les cellules de Langerhans au niveau de l’épiderme, alors que ceux dont le patch-test est négatif n’ont pas d’IgE fixées. Ces faits ont montré que la présence d’IgE sur les cellules de Langerhans est une condition préalable pour l’induction d’un patch-test positif. Depuis quelques années, des patch-tests ont été pratiqués chez des enfants atteints de dermatite atopique par l’équipe bordelaise Taïeb et Ducombs en 1995(6), avec des résultats positifs dès l’âge d’1 an, principalement avec des acariens. Trois équipes allemandes de dermatologie et d’allergie, Borkum, et d’Hambourg de Munich(7) viennent de publier dans une étude randomisée multicentrique leurs résultats chez 30 enfants atteints de dermatite atopique (âge moyen : 9,4 ans). Des patch-tests avec des préparations d’allergènes lyophilisés non traités ou dans de la vaseline, à des concentrations croissantes (acariens D. PTER épithélia de chat et pollens de graminées), ont été appliqués dans la région paravertébrale dorsale. Les réactions évaluées après 48 et 72 heures ont montré 41 % de tests positifs pour D. PTER, 17 % pour les phanères de chat, et 15 % pour les pollens de graminées. Il existait une concordance dans 56 % des cas entre l’histoire clinique et l’ATP pour l’acarien, 61 % pour le chat et 78 % pour les graminées. Ces données récentes devraient contribuer à inclure l’ATP dans la pratique courante en allergologie pédiatrique et à mieux définir les concentrations d’allergènes pour obtenir une réponse fiable.   Conclusion Le rôle joué par les allergènes aéroportés est important dans la pathologie respiratoire et cutanée de l’enfant. Jusqu’à ces dernières années, les mesures préventives, bien que recommandées par les allergologues, ne sont pas suffisamment appliquées. Actuellement, des campagnes  d’information permettent aux parents de mieux comprendre les risques encourus par leurs enfants aussi bien à l’intérieur des maisons que dans les lieux publics et à l’école(8). Dans la dermatite atopique, la mise en évidence des allergènes responsables respiratoires ou alimentaires par les tests cutanés et en particulier par les patch-tests, permet d’expliquer en partie les mécanismes de sensibilisation.  

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