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Asthme

Publié le 05 avr 2023Lecture 3 min

Asthme : corriger l’appauvrissement du microbiote

Maïa GOUFFRANT - D’après la communication de C. Martin (hôpital Cochin, Paris) CPLF 2023

L’impact du microbiote dans l’évolution de l’asthme est une réalité, et la perte de sa diversité sur le risque de survenue de l’asthme n’est plus à démontrer. Son exploration ne fait pas partie de la routine, mais elle s’avérera d’autant plus nécessaire que les nouvelles thérapeutiques par biothérapies pourraient modifier le microbiote.

Il existe aussi un microbiote au niveau respiratoire, mais il est encore plus difficile à explorer que le microbiote digestif, d’autant que la flore diffère selon les zones du poumon et que l’expectoration est loin de rendre compte de la diversité du microbiote. La plupart des connaissances portent essentiellement sur le microbiote digestif bien plus important que le microbiote pulmonaire (1 à 2 kg de bactéries ! soit 10 fois le génome humain) et avec un rôle beaucoup plus marqué sur notre système immunitaire. On sait que la prévalence de l’asthme augmente dans les situations d’appauvrissement du microbiote. Ainsi, les souris dépourvues de microbiome ont une réponse exagérée à une sensibilisation pulmonaire que la supplémentation avec une bactérie inactivée permet de réduire. Chez l’homme, des données épidémiologiques ont montré que l’Helicobacter pylori protège vis-àvis de l’asthme et des pathologies allergiques, ce que confirment les modèles murins. Ce qui amène à vérifier si le microbiote serait susceptible de constituer une cible thérapeutique dans l’asthme. On a quelques pistes dans d’autres pathologies. Dans la cohorte BLESS, chez des patients atteints de DDB, l’azithromycine au long cours modifie la composition du microbiote analysé sur l’expectoration(1). Chez les patients sans infection à P. aeruginosa, l’érythromycine n’a pas réduit significativement les exacerbations et a favorisé le remplacement de H. influenzae par des agents pathogènes plus tolérants aux macrolides, dont le P. aeruginosa, ce qui incite à une certaine prudence. Dans la BPCO, l’azithromycine réduit la diversité du microbiote, ce qui n’est a priori pas favorable, mais les patients s’améliorent du fait de l’augmentation des bifidobactéries et du métabolome vers un profil anti-inflammatoire(2). Dans l’asthme sévère non contrôlé, l’AZT au long cours entraîne une perte de la diversité du microbiote, avec une diminution des H. influenzae dans les voies respiratoires mais pas de modification de la charge bactérienne totale et avec une augmentation des germes résistants aux macrolides(3). Des résultats qui appellent à la prudence vis-à-vis des macrolides comme traitement au long cours. On ne dispose d’aucune étude sur une éventuelle prévention des exacerbations par transplantation fécale. En Inde, où la mortalité infantile liée à des infections sévères est importante, un essai a été mené avec des associations de pre- et symbiotiques dans les premières années de vie, ce qui a permis de réduire de 42 % toutes les infections sévères et de 47 % les sepsis pulmonaires, un argument fort en faveur de l’action sur le microbiote pour améliorer la réponse immunitaire(4). Lutter contre l’appauvrissement du microbiote est une piste prometteuse, mais on manque encore d’études curatives de qualité.

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