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CONGRÈS

Publié le 06 mai 2020Lecture 4 min

Asthme d’effort et bronchospasme lié à l’exercice, un problème fréquent chez les athlètes

Denise CARO, Paris

L’asthme d’effort et le bronchospasme induit par l’exercice (BIE) sont fréquents, notamment chez les athlètes qui n’en ont pas toujours conscience. Il importe d’en faire le diagnostic pour proposer une prise en charge adaptée.

L'asthme d’effort correspond à une chute des débits expiratoires survenant à l’effort chez un patient asthmatique ; alors que le BIE correspond à une chute des débits expiratoires à l’effort sans autre manifestation d’asthme. Certains auteurs estiment qu’il s’agit d’une forme légère d’asthme, l’effort faisant apparaître l’obstruction bronchique(1). En réalité, une discrète réaction bronchique durant l’effort est physiologique. Une chute inférieure à 10 % du volume d’expiration forcée (FEV) est considérée comme normale. On parle de bronchospasme léger quand la chute de la FEV est inférieure à 25 % ; une chute du FEV entre 25 et 50 % correspond à une forme modérée et au-delà de 50 % le bronchospasme est sévère. Le BIE est fréquent puisque sa prévalence est de 10 % chez les sujets non asthmatiques, de 50 à 90 % chez les asthmatiques et de 20 à 80 % chez les athlètes de haut niveau pratiquant un sport d’endurance. Près une personne sur trois sans antécédent de BIE ni d’asthme a une diminution d’au moins 15 % de son VEMS à la fin d’un test d’effort(2). Les sports à risque L’asthme d’effort et le BIE sont souvent associés à un environnement spécifique chez les athlètes de haut niveau. L’asthme concernerait 2,7 à 22,8 % des athlètes pratiquant un sport d’été et 2,8 à 54,8 % de ceux prat iquant un sport l’été. La prévalence de l’hyperréactivité bronchique est de 25 à 79 % dans les sports d’endurance et de 18,4 % dans les sports de force et de vitesse(3-7). Les sports de haut niveau les plus à risque de réactivité bronchique sont la natation et le ski de fond. Ainsi on peut distinguer trois groupes d’asthme et BIE chez les athlètes : les sportifs allergiques relativement âgés avec une hyperréactivité bronchique marquée et une réponse à l’hyperpnée volontaire eucapnique (HVE) ; les femmes réactives à l’air froid avec un VEMS bas ; et les athlètes de sports aquatiques (surtout masculins) qui gardent un VEMS très élevé et qui ont une physiologie respiratoire spécifique. Les mécanismes de l’asthme d’effort peuvent expliquer les sports à risque. En effet l’hypervent i lat ion ent raîne une perte de chaleur et d’eau (par évaporation à la surface des voies aériennes) qui entraîne un phénomène de refroidissement et de réchauffement des bronches et une hypertonicité des sécrétions bronchiques. L’ensemble de ces phénomènes aboutit à la libération de médiateurs et à l’activation de mécanismes neuraux, responsables de la bronchoconstriction. Le degré d’inflammation bronchique est aussi un élément important. Les éléments du du diagnostic  Le diagnostic repose sur les symptômes cliniques et les tests  de provocation bronchique en laboratoire ou directement pendant l’exercice. Le test est positif si le VEMS chute de 10 % ou plus. On peut aussi mesurer l’hyperpnée volontaire eucapnique (HVE) ; là encore une chute supérieure à 10 % du VEMS signe la positivité. Le test au mannitol est positif si le VEMS chute de plus de 15 %. Enfin le test à la métacholine est positif si le VEMS chute de plus de 20 % (sans CSI PC < 4mg/ml et avec CSI PC < 16 mg/ml)(1). Il ne faut pas hésiter à pratiquer différents tests car un athlète peut très bien réagir à l’un et pas à l’autre. Les tests indirects sont plutôt liés à l’inflammation alors que les tests directs comme le test à la métacholine renseigne sur le remodelage. L’hyperréactivité bronchique est souvent transitoire ; les tests doivent être faits de préférence à la fin de la période de compétition ou de la saison pollinique chez les sportifs allergiques. Les conditions de l'exercice physique  La mise en évidence d’un asthme d’effort ou d’une BIE ne contre-indique pas, bien au contraire, la pratique d’un exercice physique régulier. En effet, celle-ci améliore les symptômes de l’asthme, la qualité de vie, la réactivité bronchique, le bronchospasme d’effort, la capacité d’effort. L’activité physique est une véritable thérapie complémentaire aux médicaments(8). Certaines précautions doivent cependant être prises. Il faut : s’assurer que l’asthme est bien contrôlé, ne pas faire d’exercice lorsque les taux d’allergènes auxquels le patient est sensible sont élevés ou en cas de pollution atmosphérique, faire un bon réchauffement (warm-up) avant l’exercice, et si nécessaire prendre un bronchodilatateur à action rapide avant l’exercice. Enfin il faut traiter les comorbidités : rhinite, reflux gastro-œsophagien, obstruction laryngée induite par l’exercice et syndrome d’hyperventilation. De plus, chez les sportifs de haut niveau, il faut identifier les déclencheurs et inducteurs possibles afin de proposer des mesures de contrôle environnemental. Pour les nageurs, il faut contrôler les chloramines dans les piscines. Les athlètes de sports d’hiver doivent éviter de faire de l’exercice en cas de froid extrême et porter un masque de protection.   D’après la communication de L.-Ph. Boulet (Sainte-Foy, Québec), CPLF 2020

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