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Allergologie

Publié le 29 oct 2008Lecture 4 min

Peut-on prévenir les allergies alimentaires de l’enfant ?

Ph.-J.Bousquet
Cette revue « ombrelle » est une synthèse des études déjà publiées dans le cadre des revues Cochrane. L’objectif est d’apporter une réponse la plus claire possible pour une prise en charge globale de la prévention des allergies alimentaires chez l’enfant.
Le fait de devenir allergique est un mécanisme multifactoriel complexe. Les facteurs génétiques sont importants, mais pas suffisants. Des facteurs environnementaux comme l’exposition à des allergènes environnementaux ou alimentaires, au tabac mais aussi des infections peuvent être influents. Cette revue se focalise sur certaines méthodes de prévention des maladies allergiques telles que l’asthme, l’eczéma et la rhinite allergique. La prévention peut être primaire, c’est-à-dire avant la survenue d’une maladie allergique, ou secondaire, c’est-à-dire une fois la sensibilisation déclarée. Les facteurs de prévention étudiés sont les actions alimentaires chez la femme enceinte ou allaitant et chez les enfants (prébiotiques et probiotiques). Méthode Il s’agit de la reprise de 8 revues Cochrane précédentes. Parmi celles-ci, 6 ont été retenues portant sur les thématiques suivantes : • Éviction alimentaire maternelle durant lagrossesse ou la lactation afin de prévenir ou de traiter une maladie atopique chez l’enfant : – 2 essais cliniques ; – 334 enfants étudiés les 18 premiers mois de leur vie ; – qualité des études moyenne. • Formules contenant des protéines hydrolysées pour la prévention des allergies et des intolérances alimentaires chez l’enfant : – 14 études ; – dont 7 portant sur toutes les maladies allergiques (2 514 enfants) ; – qualité méthodologique variable, certaines études étant de bonne qualité. • Formules contenant du soja pour prévenir l’allergie et l’intolérance alimentaires de l’enfant : – 3 essais cliniques ; – 875 enfants ; – une seule étude de bonne qualité méthodologique. • L’éviction des protéines de lait de vache et le développement de sibilants chez l’enfant présentant une histoire familiale d’atopie : – 10 essais ; – 9 comparent les hydrolysats ou les formules à base de soja au lait de vache ; – 1 compare les hydrolysats ou les formules de soja au lait de vache et à l’allaitement maternel. • Probiotiques chez l’enfant afin de prévenir les maladies allergiques et l’hypersensibilité alimentaire : – 7 études ; – une seule étude sur les enfants à haut risque ; – qualité méthodologique correcte. • Prébiotiques chez l’enfant afin de prévenir les maladies allergiques et l’hypersensibilité alimentaire : – 6 études ; – 2 080 enfants inclus, mais uniquement 1 549 étudiables ; – qualité méthodologique modérée (au moins 10 % de perdus de vue dans chaque étude). Résultats • L’éviction alimentaire durant la grossesse (femmes à haut risque) afin de prévenir l’atopie de son enfant ne semble pas efficace. La qualité des étudesn’est pas suffisante pour être affirmatif. • L’éviction alimentaire durant l’allaitement (femmes à haut risque) peut éventuellement réduire la survenue d’un eczéma, sans toutefois pouvoir être certain de cet effet, à cause de la limite méthodologique des études. • Une alimentation à base d’hydrolysats n’apporte rien de plus comparé à l’allaitement maternel exclusif. L’utilisation d’hydrolysats semble réduire le risque de survenue de maladies allergiques par rapport au lait de vache. Toutefois, ceci n’a été observé que dans les études incluant des enfants à risque élevé. De nouvelles études devraient être menées afin d’étudier cette hypothèse. • Les formules à base de soja n’apportent pas de réel bénéfice. • La preuve d’une efficacité des prébiotiques en prévention de l’eczéma n’est toujours pas faite. La seule étude favorable comporte des biais méthodologiques importants. • L’efficacité à long terme des probiotiques n’est pas faite. Conclusion pour la pratique L’éviction alimentaire chez la femme enceinte ou allaitante n’a pas montré d’efficacité particulière, tout comme la substitution d’un allaitement exclusif par une quelconque formulation. Chez l’enfant à haut risque de maladie atopique, les hydrolysats seraient à préférer au lait de vache. Ceci est d’ailleurs repris dans le consensus de la section pédiatrique de l’EAACI*. *Host A et al. Dietary prevention of allergic diseases in infants and small children. Pediatr Allergy Immunol 2008 ; 19 : 1-4.

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