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Allergologie

Publié le 29 avr 2020Lecture 5 min

Les allergènes moléculaires permettent d’affiner la caractérisation des enfants sensibilisés aux phanères de chien

Habib CHABANE, Paris

Käck U et al. Molecular allergy diagnostics refine characterization of children sensitized to dog dander. J Allergy Clin Immunol 2018 ; 142 : 1113-20

Lettre à l’éditeur : Liccardi G et al. Can f 5 as a suitable marker of dog allergy: assess male dog exposure before banning it. J Allergy Clin Immunol 2019 ; 143 : 1657. Reply: 1657

La sensibilisation aux phanères de chien est après celle aux phanères de chat une cause importante de rhinoconjonctivite et d’asthme allergique chez l’enfant. Le diagnostic d’allergie au chien est suspecté sur l’histoire clinique et la positivité des tests cutanés (TC) à l’extrait de chien. Les dosages d’IgE spécifiques de l’extrait de phanères de chien sont un outil diagnostique complémentaire lorsque les TC ne sont pas réalisables. Mais, comme les prick-tests, tous les allergènes peuvent ne pas être présents dans l’extrait allergénique, ce qui peut affecter le diagnostic. De même, la présence d’allergènes communs (albumines, lipocalines) à d’autres espèces à poils ou à fourrure peut être responsable de résultats faussement positifs. Six allergènes moléculaires du chien (Can f 1 à Can f 6) sont disponibles en routine pour le dosage des IgE spécifiques. Quatre d’entre eux, Can f 1, Can f 2, Can f 4 et Can f 6, appartiennent à la famille des lipocalines, présentes dans les squames, la salive et l’urine de chien. Can f 1 est considéré comme un allergène majeur retrouvé chez 50 % à 90 % des patients sensibilisés au chien(1). La sensibilisation à Can f 2 ainsi qu’à Can f 4 et Can f 6, plus récemment disponibles, est moins fréquente (20 à 60 %)(2). Can f 2 et Can f 6 sont impliqués dans des réactions croisées avec les lipocalines de chat (Fel d 4) et de cheval (Equ c 1). L’albumine de chien Can f 3 est retrouvée chez 25 à 59 % des patients sensibilisés au chien(2). Les IgE anti-Can f 5 (kallicréine prostatique du chien mâle) sont retrouvées chez jusqu’à 70 % des patients sensibilisés au chien, parmi lesquels 35 à 38 % ne sont pas sensibilisés à l’allergène majeur Can f 1(1,2). Les auteurs de cette étude ont inclus 60 enfants âgés de 10 à 18 ans (âge moyen 13,1 ans), vivant dans la région de Stockholm, ayant un TC positif à l’extrait de phanères de chien et/ou des IgE anti-chien (e5) ≥ 0,10 kUA/l(1). Tous les enfants ont eu un test de provocation nasale (TPN) avec un extrait de phanères de chien (Laboratoire ALK) à deux concentrations et des dosages d’IgE spécifiques à 6 allergènes moléculaires de chien (Can f 1 à Can f 6) (ThermoFisher Scientific). Il y avait environ deux fois plus de garçons que de filles (sexe ratio : 1,9 M/F). Les enfants présentaient une rhino-conjonctivite dans 97 % des cas et un asthme dans 85 %, déclenchés par le contact avec le chien respectivement dans 68 % des cas et 50 %. Quinze enfants avaient avec un chien au domicile et trois avaient un chat. Tous les enfants avaient des IgE anti-chien (e5) positives (0,19 à 219 kUA/l). La sensibilisation à Can f 1 est la plus fréquente, suivie par Can f 5, puis par Can f 4, Can f 6, Can f 2 et Can f 3. Il y avait une forte variation dans les concentrations d’IgE spécifiques, les IgE anti-Can f 1, anti-Can f 2 et antiCan f 5 étaient les plus élevées. Les enfants souffrant de rhinoconjonctivite et d’asthme au contact du chien étaient plus souvent sensibilisés à Can f 3 et Can f 6. Mais après ajustement, ce sont les enfants polysensibilisés aux trois familles de protéines (lipocalines, albumine et kallicréine) qui ont le plus de rhino-conjonctivite et d’asthme (OR : 8,36, IC95% : 1,00-69,5). La sensibilisation à plusieurs allergènes de chien accroît proportionnellement le risque de manifestations d’asthme. Vingt-cinq enfants ont eu un TPN positif, 21 avaient un TPN négatif et 14 ont été considérés comme non concluants. Chez ceux qui avaient un TPN positif, les symptômes de rhinite et d’asthme étaient plus fréquents lors de l’exposition au chien, comparé à ceux qui avaient un TPN négatif, respectivement 96 % vs 38 % (p < 0,001) et 68 % vs 29 % (p = 0,008). La positivité du TPN était significativement corrélée à la présence d’IgE anti-Can f 4 (OR : 6,8 ; IC95% : 1,8-25), anti-Can f 6 (OR : 5,7 ; IC95% : 1,6-21) et anti-Can f 3 (OR : 6,3 ; IC95% : 1,2-33), mais après ajustement par les autres variables, seuls les IgE anti-lipocalines sont corrélées à un TPN positif (OR : 5,34 ; IC95% : 1,0-28,4). La concentration médiane d’IgE anti-lipocalines était significativement corrélée à la positivité du TPN et plus particulièrement les IgE anti-Can f 1. La monosensibilisation à Can f 5 était significativement associée à un TPN négatif (OR : 5,78 ; IC95% : 1,0-33). Un seul enfant parmi les 15 vivant avec un chien au domicile avait un TPN positif. Cette étude souligne l’importance des IgE spécifiques d’allergènes moléculaires pour affiner le diagnostic d’allergie au chien. La sensibilisation aux lipocalines (Can f 1, Can f 4 et Can f 6) accroît le risque d’allergie au chien chez les enfants exposés. La sensibilisation aux lipocalines Can f 4 et Can f 6 bien que généralement plus faible comparée à Can f 1 constitue selon ces auteurs un marqueur additionnel de sensibilisation au chien. La sensibilisation à plusieurs familles d’allergènes (lipocalines, albumine et kallicréine) était plus fréquemment associée à un TPN positif et à une allergie au chien, alors que la monosensibilisation à Can f 5 était associée à un TPN négatif et sans pertinence clinique. La sensibilisation à Can f 3 semble plutôt un marqueur de réactivité croisée aux phanères d’animaux à poils ou à fourrure. La monosensibilisation à Can f 5 est l’objet de controverse comme le souligne la réponse d’auteurs italiens à cette étude(3). Ils ont observé 35 % de sensibilisation à Can f 5 parmi une cohorte de patients, dont 58 % sont monosensibilisés. Selon ces auteurs, la sensibilisation serait induite par un contact direct avec un chien mâle et les monosensibilisés à Can f 5 pourraient tolérer un chien femelle. Chez la femme jeune, la monosensibilisation à Can f 5 doit faire évoquer une réactivité croisée avec le liquide séminal humain et faire rechercher des manifestations allergiques postcoïtales, en particulier s’il n’y a pas d’exposition à un chien mâle. Ces auteurs font remarquer que la signification clinique de la sensibilisation à Can f 5 chez l’enfant n’est pas assez documentée. Enfin, la monosensibilisation à Can f 5 retrouvée chez un tiers des patients allergiques au chien soulève la question de l’efficacité de l’immunothérapie allergénique (ITA), car la présence de cet allergène dans les extraits allergéniques de chien est très variable et il n’y a pas d’étude clinique démontrant l’efficacité de l’ITA chez ces patients(4).

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